Qui suis-je?

lundi 9 mai 2016

Comprendre sans dire un mot

Ça s’est passé il y a plusieurs années. C’était une belle journée de printemps, chaude et ensoleillée. Un jour de fin de semaine.

Je n’allais pas bien. J’étais en burn-out, mais je ne le savais pas encore. Je savais seulement que mon monde avait moins de couleurs. Je vivais comme un automate, sur le pilote automatique. Je ne ressentais pas grand-chose, j’étais toujours fatiguée, un zombie.

Ce jour-là, Alexandre travaillait et j’étais seule avec mes enfants. Je n’en avais que deux, à ce moment-là, mais juste de passer une journée avec eux m’épuisait. Je n’en avais pas envie. Je n’avais envie de rien, de toute façon.

Ma mère est venue faire un tour à la maison, probablement pour venir me porter un de ces succulents petits plats qu’elle me concocte souvent pour alléger mes semaines chargées. Elle ne devait être que de passage, elle avait autre chose à faire ce jour-là.

J’étais assise dans la cour quand elle est arrivée. Les enfants jouaient dehors. Ils commençaient à être tannants et ne plus savoir quoi faire. Je regardais mes enfants sans les voir. J’étais impatiente avec eux.

J’ai senti le regard de ma mère sur moi. J’avais l’impression qu’elle sondait mon âme, qu’elle essayait de comprendre ce qui se passait. Je n’ai rien eu à dire ni à expliquer. Elle a vu. Elle a su.

Elle avait autre chose à faire, ce jour-là, mais elle a décidé de passer la journée avec nous. Je ne me souviens pas de tout ce qu’on a fait. Elle a probablement fait à manger aux enfants, réglé des chicanes et poussé des balançoires.

Elle a aussi proposé qu’on aille acheter des plantes pour commencer le jardin. Rien ne me tentait moins que d’aller à la jardinerie avec deux enfants turbulents. Mais je suis allée quand même. Nous avons choisi des plantes, des légumes, des fleurs. À notre retour, nous les avons plantées tous ensemble. Et je me suis sentie mieux. Ma mère sait que j’aime jardiner. Elle me connaît si bien!

Ce jour-là, comme tant d’autres fois depuis que je suis née, ma mère m’a comprise sans que j'aie à dire un seul mot.


Merci, maman, de ta présence et de ton amour, autant dans les bons que dans les mauvais moments! Je t’aime!

jeudi 5 mai 2016

Soulagée!

J’ai rencontré la directrice du secondaire, hier après-midi, en compagnie de grande M. Vous l’aurez compris en lisant le titre de ce billet : ça s’est bien passé!

La directrice s’est montrée ouverte et à l’écoute, sans aucun jugement ni préjugé face à la scolarisation à domicile. Étonnamment,  elle n’avait reçu aucune information sur nous de la part du directeur de l’école primaire, pas même les résultats des examens que grande M. a faits cet hiver.

Je lui ai raconté le parcours scolaire de grande M., ses forces et ses faiblesses, et elle a tout pris en note. Elle n’a pas remis ma parole en question et ne m’a pas demandé de « preuves » de ce que je lui disais.

J’ai vraiment apprécié qu’elle amorce la rencontre en s’adressant à grande M. directement, en lui demandant comment elle allait et comment elle se sentait face à l’entrée au secondaire. Tout au long de la rencontre, elle s’adressait autant à ma fille qu’à moi et s’intéressait à elle. Elle lui a demandé ce qu’elle aimait le plus faire, ses matières préférées et celles qu’elle aime le moins.

En l’entendant parler à ma fille de la sorte, j’ai réalisé que le directeur de l’école primaire n’avait jamais fait ça avec elle. En fait, il n’a jamais semblé s’intéresser à ma fille et ne lui pose jamais de questions lorsqu’elle m’accompagne aux rencontres à l’école. Il s’adresse toujours juste à moi et ne parle que de notes, d’examens, de « traces » et de « preuves ». Ma fille aurait aussi bien pu ne pas être là du tout que ça n’aurait rien changé. Bref, j’ai apprécié l’approche de la directrice, plus humaine et sympathique, plus intéressée à connaître ma fille que ses performances et ses notes.

Pour l’instant, le classement de grande M. au régulier avec soutien en maths tient toujours, mais la directrice en parlera avec la directrice du programme de formation adaptée pour être certaine. Elle craint que la formation adaptée ne soit pas assez stimulante pour ma grande, puisqu’elle a des difficultés seulement en maths, mais est à niveau en français, mais est un peu embêtée entre l’écart important entre les résultats dans ces deux matières de base. Je lui ai dit que nous étions ouverts à tout programme qui serait jugé pertinent pour ma fille compte tenu de son parcours scolaire atypique.

Je suis encore un peu inquiète à l’idée de l’envoyer au régulier, j’ai peur que la marche soit trop haute entre la scolarisation en un à un qu’elle a reçue au cours des dernières années et les gros groupes scolaires… Ça ne semble pas inquiéter ni stresser ma fille outre mesure.  Je m’attends à ce qu’elle « rushe » vraiment beaucoup en début d’année scolaire, mais j’imagine qu’elle ne sera pas la seule. L’entrée au secondaire est une grosse étape pour tout le monde… Je vais essayer de moins m’inquiéter et de lui faire confiance. Pas facile pour moi, ça… ;-)


Bref, je suis soulagée, j’ai été entendue et écoutée, ma fille aussi, et on est officiellement en route vers le secondaire! 

lundi 2 mai 2016

Assez, c'est assez!

Après la publication de mon dernier billet, j’ai reçu une véritable ondée d’amour de mes proches et de mes lecteurs, soit sur Facebook ou de vive voix. Je me suis sentie entourée, soutenue et tellement, tellement encouragée à continuer à me tenir debout pour faire valoir mes droits! Vous n’avez pas idée à quel point vous me faites du bien, chers amis et lecteurs. J’avais grand besoin de cette vague d’énergie positive.

J’ai également eu la chance de parler avec plusieurs amies qui font l’école à la maison elles aussi, et qui vivent une situation semblable à la mienne. Portfolios soi-disant incomplets, plans de scolarisation refusés pour des raisons nébuleuses, signalements injustifiés à la DPJ, et j’en passe… Notre commission scolaire est une dure à cuire et se montre très fermée à l’école à la maison. Nous sommes plusieurs dans le même bateau!

J’ai repensé à tout ça. J’en ai parlé avec Alexandre. Techniquement, nous devrions maintenant donner des travaux supplémentaires au directeur d’école, qui dit que notre portfolio et les examens ne sont toujours pas suffisants pour lui. Et nous avons décidé que non. C’est assez. Il n’aura rien d’autre de nous. Je suis tannée de me faire niaiser! De toute façon, qu’est-ce que ça nous donnera de plus, dites-moi? Ils trouveront bien à se plaindre d’autres choses par la suite…

D’abord, régler la question de l’admission au secondaire…

J’ai donc téléphoné à la directrice de l’école secondaire pour prendre rendez-vous avec elle afin de discuter de l’admission de grande M. l’an prochain. Après tout, le directeur de l’école primaire nous a dit qu’il ne trouvait pas le dossier de ma fille assez complet pour bien faire des recommandations à l’école secondaire (même s’il nous a dit qu’elle serait au régulier avec soutien en maths…)

Il ne connaît pas assez ma fille pour poursuivre les démarches pour l’entrée au secondaire? Parfait, je vais m’en occuper moi-même! Je la connais comme le fond de ma poche et comme c’est moi qui lui enseigne, je suis sans aucun doute la mieux placée pour discuter de son parcours scolaire avec la directrice du secondaire. Je la rencontrerai mercredi. À suivre.

Puis mettre un terme au suivi avec l’école primaire.

Ensuite, j’ai téléphoné au directeur de l’école primaire. Je lui ai dit que nous jugions qu’il avait amplement eu l’occasion de constater que ma fille vit une expérience éducative satisfaisante grâce aux examens, à la présentation du portfolio et la discussion qu’ils ont eue avec elle.

Je lui ai dit que de toute façon, j’avais l’impression que, peu importe ce que je dirais ou ferais, ça serait jugé insatisfaisant. Je lui ai rappelé que la loi de m’oblige pas à soumettre ma fille à tout ce processus d’évaluation et que ça s’arrêtait là.

Je lui ai expliqué que j’avais pris rendez-vous avec la directrice de l’école secondaire et que j’allais m’organiser directement avec elle pour la suite des choses.

Évidemment, le directeur était un peu pris de court. Il m’a dit que je rompais notre entente, qu’il ne comprenait pas ma décision. Il m’a dit qu’il faisait ces demandes pour le bien de ma fille.

 Il m’a répété à plusieurs reprises qu’il avait des comptes à rendre. J’ai dû le questionner pour savoir à qui il devait rendre ces comptes. À la commission scolaire? À l’école secondaire? À la DPJ? Il a fini par me répondre que c’était à toutes ces réponses. Je comprends son embarras, ma position ne le place pas dans une situation confortable, probablement aux yeux de son employeur. Mais ce n’est pas mon problème.

S’il juge qu’il doit me signaler à la DPJ, et bien soit. Si jamais le signalement est retenu, ce qui est très peu probable, j’accueillerai l’intervenante sociale avec plaisir. Je n’ai rien à cacher et rien à me reprocher.

Mausus que c’est stressant!

Après avoir raccroché avec le directeur, j’étais dans tous mes états. Une partie de moi était fière d’avoir agi de la sorte, et soulagée d’avoir réglé la question. Une autre partie de moi était totalement paniquée. Qu’est-ce que je venais de faire là? Et si je leur avais donné les foutus travaux qu’ils réclament, peut-être que ça se serait bien terminé? Et si, maintenant que je l’avais fâché, le directeur appelait la directrice du secondaire et dressait un portrait négatif de moi? Est-ce que je venais de me tirer dans le pied?

J’ai aussitôt parlé avec des amies qui font l’école à la maison, et avec ma sœur, et avec mon père, et avec mon chum, et je me suis calmée. J’ai fait ce qu’il fallait, le directeur peut être fâché contre moi s’il le veut, n’empêche que je suis pleinement dans mes droits de mettre mes limites.

Fiou… c’est dur pour les nerfs, de faire valoir ses droits! Ouf!

Reste maintenant à rencontrer la directrice de l’école secondaire, mercredi. J’espère qu’elle n’a pas de préjugés face à l’école à la maison. J’espère qu’elle sera ouverte et accueillante pour grande M.


Advienne que pourra…