Comme tout le monde, je suis absolument bouleversée par l’avalanche
de témoignages de femmes ayant subi des agressions ou du harcèlement sexuel qui
inondent les médias et réseaux sociaux ces derniers jours.
Le récit de Michèle Ouimet, le premier que j’ai lu en me
levant ce matin, m’a laissée sans voix. Le souffle coupé par la violence
abjecte dont tant de femmes sont victimes. Dont tant de femmes ont honte, alors
que ce sont leurs agresseurs qui devraient se sentir sales et honteux.
Je connais des femmes, autour de moi, qui ont aussi été
agressées. Ça n’arrive pas qu’aux autres, à celles qu’on ne connait pas, à des
inconnues. Ça arrive aussi à des personnes qu’on aime, qu’on apprécie, qu’on
chérit. Des femmes que nous côtoyons tous les jours, sans savoir le drame qu’elles
ont vécu et qui les hantera sans doute pour le reste de leur vie.
À moi aussi, ça a bien failli arriver. Un homme de mon
entourage me faisait très peur, quand j’étais adolescente. Il me disait que
lorsque nous serions seuls, nous allions jouer « avec tes fesses pis mes
fesses ». Je m’en rappelle encore très clairement. En utilisant toutes
sortes de stratagèmes, j’ai réussi à ne jamais me retrouver seule avec lui,
heureusement. Mais surtout, j’ai parlé de mes craintes pour ma sécurité. On m’a
crue. On m’a protégée. Merci, papa. Je savais que je pouvais t’en parler.
Ce soir, j’ai pris le temps de parler avec mes deux plus
grands enfants, seule à seul, chacun leur tour. Je leur ai dit qu’ils allaient
peut-être entendre parler d’agressions sexuelles et de viols ces temps-ci, à
cause de toutes ces femmes qui enfin brisent le silence dans les médias et les
réseaux sociaux. Je leur ai demandé s’ils savaient ce qu’est une agression
sexuelle, quels sont les comportements inappropriés qu’un adulte peut avoir
envers un enfant, que deux humains, peu importe l’âge, peuvent avoir entre eux.
Je leur ai dit que la personne qui fait du mal peut être un
inconnu, mais que ça peut aussi être une personne qu’ils connaissent. Qu’ils
connaissent même bien. Qu’ils pourraient aimer. Ça peut être un ami, un membre
de la famille, n’importe qui.
Je leur ai assuré que si jamais ça leur arrivait, ils
pouvaient venir m’en parler. Que je les écouterais. Que je les croirais. Et que
je les protègerais. Même si la personne qui leur a fait du mal était quelqu’un
que j’aimais. Parce que jamais, jamais, jamais je ne veux qu’ils se sentent
coupables, honteux ou responsables de ce qui pourrait leur arriver.
Ce n’était pas une conversation très joyeuse à avoir. J’avais
déjà abordé le sujet avec eux, dans le passé. Mais c’était nécessaire d’en reparler.
Et nous en reparlerons de temps en temps s’il le faut.
La violence sexuelle doit cesser. Maintenant.
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