Qui suis-je?

samedi 14 juin 2014

Mon papa



Comme ce fut le cas pour bien des jeunes de ma génération, mon papa n’habitait pas avec nous. Mes parents se sont séparés alors que j’étais toute petite et je voyais mon papa une fin de semaine sur deux.

Je ne voyais pas mon papa tous les jours, donc. Je ne le voyais pas revenir du travail exténué. Je ne le voyais pas bougon, préoccupé ou de mauvaise humeur. Mon papa avait hâte de nous voir, ma sœur et moi, et les fins de semaine où nous étions avec lui, il était content de passer du temps avec nous. Mon papa était, à mes yeux, toujours souriant, affectueux et heureux de nous avoir près de lui.

Mon papa me lisait beaucoup d’histoires, autant en français qu’en anglais. J’en garde de magnifiques souvenirs. « The Giving Tree » reste à mes yeux la plus belle histoire que j’aie jamais entendue.

Mon papa m’a fait découvrir la poésie et la voix magnifique de Leonard Cohen. Chaque fois que j’entends la musique de ce grand artiste, je pense à mon papa.

Mon papa me chantait des chansons folles dans lesquelles des loups sont en canot et des mouches à feu « sontaient » toutes « éteindues ». Une autre de mes chansons préférées parlait d’un Eugène très peu débrouillard qui demandait à Élise comment réparer le trou dans son seau. Aujourd’hui, c’est à mon tour de faire rire mes enfants en leur chantant ces chansons drôles.

Mon papa m’emmenait tous les étés sur le bord de la mer, dans le Maine. Ces vacances magnifiques font partie de mes plus beaux souvenirs d’été.

Mon papa m’a appris à nager et à patiner. Il m’a aussi appris à lancer à la perfection un ballon de football, ce qui impressionnait beaucoup les sauveteurs sur la plage, aux États-Unis. En particulier un certain Ray…

Mon papa m’a encouragée à faire du ballet. Aussitôt que mon intérêt pour la danse s’est manifesté, il m’a inscrite à des cours. Après ma première année de danse, il m’a incitée à aller passer les auditions pour la troupe de danse de mon école de ballet. Je ne croyais pas être capable! Il m’a dit que peu importe si j’étais sélectionnée ou non, l’expérience de l’audition me ferait grandir.

Quand j’ai su que j’avais été choisie pour faire partie de la troupe de danse, j’ai paniqué! Je ne dansais que depuis un an, comment pourrais-je devenir aussi bonne que les autres danseuses? Mon papa m’a dit : « S’ils t’ont choisie, c’est que tu es assez bonne. Vas-y! » Alors, j’y suis allée. J’ai dansé plusieurs années avec la troupe et ça a été une expérience très importante dans ma vie. Sans les encouragements de mon papa, je n’aurais pas osé. 

Mon papa n’a jamais manqué un de mes spectacles de danse, ni de théâtre. Si j’avais eu un fan-club, il en aurait sans doute été mon admirateur numéro un!

Mon papa m’a appris à conduire, en plein hiver, dans un stationnement déserté. Il trouvait important que je sache faire des dérapages contrôlés sur la glace. Il n’avait pas peur que je cabosse l’auto. Chaque hiver, quand je dois conduire sur une chaussée glacée, je sais que j’aurai les bons réflexes si ça dérape. Grâce à mon papa!

Mon papa et moi sommes allés visiter l’université Laval ensemble. C’était une belle journée et j’étais si excitée à l’idée de m’inscrire à l’université! Sur la route du retour, mon papa m’a laissée conduire, même si je n’avais pas encore beaucoup d’expérience sur l’autoroute. Mon papa me faisait confiance. Il s’est même endormi pendant le trajet, c’est vous dire combien il n’était pas inquiet!

Mon papa a accepté et aimé mon amoureux dès qu’il l’a rencontré. Et la veille de mon mariage, c’est chez mon papa que je suis allée dormir. Le lendemain matin, quand j’ai enfilé ma belle robe blanche, j’ai vu ses yeux briller d’émotion. Il m’a conduite vers mon Alexandre et lui a donné ma main. 

Notre première maison, c’est avec mon papa que nous l’avons magasinée. Nous en avons visité des dizaines! Il était toujours là, patient, à nous guider, nous conseiller. Avec l’aide de mon papa, nous avons trouvé notre nid et y avons installé notre famille.

Quand j’ai perdu mon premier petit bébé, mon papa m’a accompagnée chez le médecin. Plusieurs m’avaient dit : « Tu es jeune, tu en auras d’autres! » Pas mon papa. Il savait bien que ce n’étaient pas « d’autres » bébés que je voulais, mais bien celui-là. Il a respecté ma peine et pris soin de moi.

Quand j’ai eu mes enfants, mon papa a été le premier visiteur à se présenter à l’hôpital pour les rencontrer. Ce n’était pas l’heure des visites, mais il a réussi à se faufiler quand même jusqu’à ma chambre sans que les infirmières lui bloquent le passage. Seule petite É. n’a pu recevoir sa visite, car il était en voyage. Mais s’il avait été là, je suis sûre qu’il aurait été le premier à venir la voir, elle aussi.

Mon papa m’a accompagnée à une échographie au département de génétique de l’hôpital Sainte-Justine, quand j’étais enceinte de petit L. Il a été le seul, à part Alexandre, à faire la rencontre de petit L. avant même sa naissance.

Mon papa est venu avec moi lors d’une radiographie du bras cassé de grand A. Lorsque A. a eu un malaise tellement la douleur était forte, c’est mon papa qui l’a transporté dans ses bras.

Quand petite É. a été hospitalisée plusieurs jours pour une bronchiolite, mon papa est venu nous voir à l’hôpital pour me donner une petite pause. Il y avait une terrible tempête de neige, et l’hôpital était loin de chez lui, mais rien ne l’a empêché de venir. Il a enfilé la jaquette et le masque pour ne pas contaminer petite É., l’a prise dans ses bras, et m’a dit d’aller me reposer. J’ai pu souper tranquille, ce soir-là, et aller prendre une belle marche pour m’aérer le corps et l’esprit. Ça m’a fait un bien fou!

Mon papa a toujours la tête dans les nuages. Oh, il n’est pas lunatique du tout! Mais c’est un passionné d’aviation et s’il le pouvait, il se ferait sans doute greffer des ailes tant il aime voler. Moi qui ai peur de prendre l’avion, il m’a emmenée avec lui en planeur et en Cessna. C’est un peu moins épeurant d’être dans les airs quand c’est mon papa qui pilote. 

Mon papa m’a dit qu’un jour, il m’emmènera en voyage dans un gros avion. Qu’il m’aiderait à vaincre ma peur. Je suis terrifiée juste d’y penser, mais je sais que j’y arriverai. Avec mon papa!

Malgré tout ça, je sais que mon papa trouve qu’il n’est pas assez présent. Qu’il n’appelle pas assez souvent. Que ses visites se font trop rares. Mon papa est un homme très occupé.

Mais ce que je sais surtout, c’est que mon papa m’aime inconditionnellement, m’accepte telle que je suis, me pousse à devenir meilleure, me fait confiance plus que je ne me fais confiance à moi-même.

Papa, tu as toujours été là pour moi, et je sais que tu le seras toujours. Je n’en ai jamais douté. Je suis choyée d’avoir un papa comme toi.

Bonne fête des Pères, mon papa!
Je t’aime!

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