Qui suis-je?

dimanche 29 juin 2014

Doux moments d'allaitement



Ce soir, j’étais en train d’allaiter ma petite É., tout en la berçant, et je la contemplais. Je regardais ses joues dodues, ses belles petites lèvres qui souriaient tout en gardant le mamelon bien en bouche, avec quelques gouttes de lait qui perlaient aux commissures.

J’ai réalisé tout d’un coup que c’est le dernier bébé que j’allaiterai et ça m’a rendue nostalgique. Ma relation d’allaitement est loin d’être terminée avec petite É., car elle n’a que 10 mois et je n’ai pas du tout l’intention d’arrêter bientôt. Tout de même, c’est ma petite dernière et chaque étape me rappelle qu’elle grandit et qu’elle ne restera pas bébé pour toujours…

L’allaitement est une des périodes que j’aime le plus, en tant que maman. Pour moi qui n’aime pas tellement être enceinte, mais qui adore les nouveau-nés, c’est la relation idéale : une parfaite symbiose avec mon bébé, tout en pouvant profiter de ma liberté de mouvement. J’adore!

Avant d’avoir grande M., j’étais loin d’imaginer que l’allaitement prendrait une si grande place dans ma vie. J’étais la première de ma famille et de mon cercle d’amies à avoir un bébé, et les femmes de mon entourage étaient d’une génération où l’allaitement n’était pas la norme. Je n’avais donc pas beaucoup de modèles d’allaitement autour de moi.

La grossesse de grande M. a été très stressante. Ayant vécu une fausse couche juste avant de tomber enceinte d’elle, j’ai passé le premier trimestre à observer ma petite culotte de façon frénétique, de peur d’y trouver du sang. Quand finalement j’ai su que bébé était bien accroché, cette fois, quel soulagement j’ai éprouvé!

Malheureusement, ce soulagement n’a pas été de très longue durée puisque les inquiétudes se sont de nouveau manifestées au 3e trimestre. En effet, vers 24 semaines de grossesse, j’ai commencé à avoir des contractions plutôt douloureuses chaque fois que je faisais un effort physique. Mon médecin m’a aussitôt mise au repos : c’étaient de vraies contractions et j’étais à risque d’accoucher prématurément.

À partir de ce moment, je n’ai plus eu qu’une idée en tête : mener cette grossesse à terme. Je n’étais plus capable d’imaginer à quoi ressemblerait ma vie avec bébé, ne sachant pas si j’aurais un prématuré ou non. Avoir un bébé né à 24, 29, 32, 35 ou 37 semaines, c’est complètement différent! 

J’ai donc mis toutes mes énergies sur mon bébé, sur mon bedon, et je n’ai plus fait de projections pour les mois à venir. Chaque semaine qui passait sans que j’aie accouché était une petite victoire.

C’était très difficile. Je passais mes journées assise ou couchée, seule avec ma bedaine dans mon appartement. Je devais attendre qu’Alexandre revienne du travail pour pouvoir sortir. Il poussait ma chaise roulante pour me promener dans le quartier ou au centre d’achats.

Les regards compatissants que je recevais constamment me rappelaient que cette grossesse ne se déroulait pas du tout comme je l’avais rêvé. J’étais jeune, en santé, pourquoi ne pouvais-je pas profiter d’une belle grossesse? Je me sentais bien loin de l’image de la femme enceinte rayonnante, épanouie et en forme que j’aurais tant espéré être!

À 32 semaines de grossesse, les contractions ont repris de plus belle. Lors de l’une d’entre elles, particulièrement forte, un flot de sang a jailli. Nous nous sommes dirigés à toute vitesse à l’hôpital.

Diagnostic : décollement placentaire et accouchement imminent. Installée dans la chambre de naissance et un peu paniquée, je ne comprenais plus trop ce qui se passait. 32 semaines, c’est trop tôt pour accoucher!

Les médecins m’ont mise sous soluté puis m’ont donné un médicament pour faire cesser les contractions. C’était la dernière chance de faire rester bébé dans mon ventre un peu plus longtemps. Tout s’est arrêté. J’étais à la fois soulagée et bouleversée, car je devais rester hospitalisée jusqu’à l’accouchement.

Le lendemain soir, les contractions reprennent de plus belle. On augmente mon soluté à un point tel que je suis tout enflée, mais ça fonctionne : le travail s’arrête à nouveau.

Le lendemain matin, le médecin entre dans ma chambre, l’air grave : « Écoute, on ne peut pas te garder. On manque de chambres pour les mamans qui viennent d’accoucher. Je suis obligé de te laisser retourner chez toi, mais c’est à contrecœur que je le fais. Je te le dis : tu es une bombe à retardement. Tu reviens directement à l’hôpital si tes contractions reprennent ».

Il avait l’air si embêté par la situation que j’ai caché ma jubilation à l’idée de retourner à la maison, dormir dans mon lit et manger de la nourriture appétissante.

Trois semaines se sont écoulées. Je ne pouvais pas être plus au repos que ça! Le seul fait d’être debout, même immobile, me donnait des contractions.

À 35 semaines, grande M. n’en pouvait plus et voulait sortir de là, coûte que coûte! Quand les contractions ont commencé, à nouveau avec un flot de sang, nous savions que cette fois-là était la bonne.

L’accouchement a été rapide, mais stressant. Je voyais le personnel qui s’agitait autour de moi, j’avais peur. À 35 semaines, certains bébés sont prêts à naître, mais d’autres pas… Dans quel état allait-elle être?

Sitôt née, ils sont partis avec elle. Je me souviens avoir vu mon reflet dans la fenêtre, seule sur le lit de naissance, le ventre vide et mou, sans bébé dans mes bras. Où était-elle? Pourquoi ne me l’avaient-ils pas donnée?

Quand l’infirmière me l’a rapportée, tout emmitouflée dans une couverture, je l’ai prise comme une poupée. J’étais un peu hébétée, je ne savais pas quoi faire. On m’a conduite à ma chambre. J’ai supposé qu’elle allait bien puisqu’ils me l’avaient ramenée.

Une fois rendue dans ma chambre, une autre infirmière est venue me voir. Elle m’a dit : « Comment s’est passée la mise au sein? » Quoi? J’étais censée l’avoir mise au sein?

J’ai alors réalisé que je ne savais pas comment faire, que je ne m’étais même pas demandé si je voulais allaiter ou non. Je m’étais tellement concentrée sur mon objectif de mener ma grossesse à terme que j’avais complètement mis de côté tout ce qui concernait les soins à donner au bébé et l’allaitement.

L’infirmière m’a aidée à la mettre au sein. Et là, à ce moment précis, ma petite poupoune, ma fille, toute petite, née à 35 semaines, malgré son faible tonus musculaire, a tété et je suis tombée en amour avec elle. Elle était là, pour vrai, à moi, et je me suis littéralement transformée en maman tigre.

Ha! je n’étais peut-être pas capable d’avoir une belle grossesse, ni de la mener à terme, mais j’allais être capable de la nourrir! Et personne au monde n’allait m’en empêcher.

Au cours du séjour à l’hôpital, ma toute petite mini-puce a perdu beaucoup de poids. Elle se fatiguait très vite et dormait tout le temps. Les infirmières me proposaient constamment de la supplémenter, de me tirer du lait, de lui donner de la préparation. « Son poids, madame! Il faut qu’elle en prenne au plus vite! »

À chaque allaitement, une ou même deux infirmières venaient m’observer pour être sûres que j’allaitais correctement. Elles n’hésitaient pas à me prendre carrément le sein pour lui mettre de force dans la bouche.

J’ai refusé avec véhémence toute préparation commerciale pour la supplémenter. Je ne sais pas quel instinct m’a guidée à ce moment, moi qui ne connaissais rien à l’allaitement, ni aux bébés, d’ailleurs, mais c’était plus fort que moi. 

J’essayais tant bien que mal de me tirer du colostrum, mais je n’y arrivais pas vraiment. Une infirmière est arrivée, m’a pris le sein et a réussi à faire sortir le précieux liquide. J’étais stupéfaite : comment avait-elle fait? « Oh, moi madame, je pourrais faire sortir du lait d’un navet tellement je suis habituée », me répondit-elle avec désinvolture. Confuse et fatiguée, je me suis demandé si elle venait vraiment de comparer mes seins à des navets… 

Grande M., qui se faisait alors appeler Mini-puce par les infirmières, ne pesait pas 5 livres. Pas question pour nous de sortir de l’hôpital tant qu’elle n’atteindrait pas ce poids magique. J’étais épuisée, désespérée de retourner chez moi, prisonnière d’un excès de surveillance de mon allaitement et excédée de devoir toujours refuser qu’on la supplémente.

Le troisième jour suivant la naissance de ma petite cocotte, un pédiatre extraordinaire s’est présenté. Après avoir examiné mon bébé, il m’a annoncé : « Madame, vous n’arriverez jamais à allaiter ici. Vous devez retourner chez vous, dans vos affaires, confortable. Je vous garantis qu’elle commencera à prendre du poids quand vous serez détendue. » Si nous avions été dans un film américain, je pense qu’à ce moment, une musique grandiose aurait joué et que le pédiatre aurait été auréolé de lumière. J’étais LIBRE!

Non seulement j’étais libre, mais il me faisait CONFIANCE. À moi, la petite maman d’à peine 20 ans, qui n’avais pu mener sa grossesse à terme, qui ne savais pas allaiter!

Et vous savez quoi? Il avait raison. Aussitôt revenue à la maison, j’ai allaité. Sans arrêt. Jour et nuit, aux heures bien souvent. Et Mini-puce a grossi. Sa courbe de croissance était verticale! Grâce à MON lait! J’étais si fière!

Aujourd’hui, alors que j’allaite avec bonheur mon 4e enfant, je me rappelle toutes les émotions que m’a fait vivre ma découverte de l’allaitement avec grande M. 

D’abord, j’ai appris que j’étais capable de nourrir mon enfant, de la faire grandir et grossir uniquement grâce à ce précieux liquide que je fabriquais juste pour elle.

J’ai découvert que j’étais capable de la protéger et de la défendre. Ma confiance en moi s’en est trouvée augmentée de façon exponentielle!

J’ai fait la paix avec ma grossesse difficile, en partie grâce à la réussite de mon allaitement. On en parle peu, mais les femmes qui ont un bébé prématuré ou qui vivent une grossesse à risque ressentent parfois un grand sentiment d’échec. Quand on leur dit en plus qu’elles ne peuvent pas ou ne devraient pas allaiter, alors qu’elles le souhaitent, on leur fait vivre un échec supplémentaire qui est souvent difficile à surmonter.

Surtout, ma relation d’allaitement avec grande M. m’a fait tomber en amour avec elle de façon instantanée. Cette première tétée a été si précieuse et importante pour nous, pour elle et moi! 

Aujourd’hui, je savoure les doux moments que m’apporte l’allaitement avec ma petite É. Ces moments précieux ne nous appartiennent qu’à nous et j’ai bien l’intention d’en profiter encore longtemps.

samedi 28 juin 2014

Bonne fête, mon grand A.!



28 juin 2005

5 h du matin

Je me réveille, car mon ventre se serre régulièrement, sans que ce soit très douloureux. Je me demande si ce sont de vraies ou de fausses contractions… Je me rendors un peu entre chaque contraction, qui surviennent aux 20 minutes environ. 

6 h

Alexandre se réveille pour aller travailler. Je suis assise dans le lit, les mains sur le ventre. Les contractions sont aux 10 minutes, toujours pas très douloureuses. Je ne suis pas sûre que c’est du vrai travail, mais Alexandre ne prend pas de chance et appelle sa mère pour qu’elle vienne garder grande M.

6 h 30

Mamie Suzanne est arrivée. Les contractions sont plus rapprochées et commencent à être plus difficiles à supporter. On part pour l’hôpital.

6 h 30 à 6 h 50

Trajet en voiture : direction l’hôpital. Intensité des contractions de niveau « Ayoye! ». Je commence à me faire à l’idée que ça y est, j’aurai mon bébé dans les bras aujourd’hui.

7 h

Arrivée à l’hôpital. J’ai une belle chambre de naissance, toute vitrée, qui laisse entrer la douce lumière du matin. Je suis prête à t’accueillir. Niveau de douleur : « Aaaaaarrrrgggh! », mais je suis en contrôle et je respire à fond. Chaque contraction te rapproche de moi, mon bébé. Mes eaux crèvent si subitement qu’Alexandre fait le saut et que toute la chambre est éclaboussée!

7 h 20

Je veux POUSSER! Le docteur n’est pas encore arrivé et l’infirmière me dit de me retenir pour l’attendre. Je ne dis rien et continue de me concentrer sur ce qui se passe dans mon corps, mais dans ma tête, je me dis : « Tant pis pour le docteur, moi, je POUSSE! ». Et je pousse de toutes mes forces.

7 h 30

Tu es là! L’infirmière t’attrape et te lève pour que je te voie. Ton premier acte à vie consiste à faire pipi sur elle, ce qui nous permet de constater hors de tout doute que tu es un garçon! Nous sommes fous de joie, tu es en parfaite santé, tu es magnifique, nous sommes en amour! Je te mets au sein et tu tètes instantanément comme un champion.

28 juin 2014

Tu as 9 ans aujourd’hui. Ce matin, tu t’es levé le premier et es allé tranquillement écouter la télévision au sous-sol pour ne réveiller personne. Tu es toujours aussi matinal qu’au jour de ta naissance!

Depuis 9 ans, tu nous émerveilles, nous fais rire, nous étonnes, nous questionnes, nous challenges, nous impressionnes, nous fais retomber en amour avec toi chaque jour.

Je t’aime, mon grand A.
Bonne fête!

mercredi 25 juin 2014

« Tu as coupé le gluten? Mais pourquoi? »



Ces derniers temps, on assiste à un véritable débat entre les « anti » et les « pro » gluten. Nombre de spécialistes, médecins et nutritionnistes mettent en garde la population contre l’éviction du gluten dans l’alimentation, ce qui pourrait créer de graves carences nutritionnelles, selon eux. D’autres spécialistes, médecins, naturopathes, etc. prétendent que le gluten nuit à la santé et devrait être évité à tout prix.

Certains disent que ce n’est qu’une mode alimentaire comme tant d’autres. D’autres affirment qu’il s’agit d’une véritable révolution qui ne peut qu’améliorer la santé des gens.

Bref… on est loin d’un consensus! 

Quant à moi, je ne suis pas une spécialiste en nutrition et en santé. Pourtant, je me suis beaucoup intéressée à l’impact de l’alimentation sur la santé et le comportement de grande M.

Tout a commencé quand mon amie Nathalie, désespérée du peu de services qu’elle recevait pour ses deux fils ayant un trouble du spectre de l’autisme, diverses sensibilités, des retards moteurs et langagiers ainsi que des difficultés sociales, s’est dit qu’elle n’avait rien à perdre d’essayer le régime sans gluten, sans caséine et sans soya.

Je vous avoue avoir été très sceptique quand elle m’a parlé de son projet. Couper tous les aliments qui contiennent ces choses me semblait presque impossible! Elle m’a rassurée en me disant qu’elle se donnait la chance d’essayer pendant trois mois et qu’elle cesserait si elle ne voyait pas de différence. Je lui ai donc offert mon support psychologique dans cette aventure et j’étais très curieuse de voir si elle obtiendrait les résultats espérés! 

Une semaine plus tard, j’ai revu ses garçons et j’ai été stupéfaite. Ils étaient transformés! Eux qui ne parlaient presque pas, qui utilisaient des pictogrammes pour exprimer leurs besoins, qui étaient si mal à l’aise en public qu’ils restaient cachés dans les jupes de leur maman nous ont accueillis lors d’une fête, souriants, s’exprimant, jouant comme des enfants n’ayant aucun trouble de développement. J’étais sidérée! (Le médecin et les intervenantes du CRDI leur ont d’ailleurs retiré leur diagnostic de TSA depuis! Vous pouvez lire son témoignage complet ici )

Même si grande M. était moins affectée que les garçons de mon amie, je me suis demandée si changer son alimentation pouvait faire une différence positive pour elle. Nous avions cessé la médication pour le TDAH depuis peu et nous étions à la recherche de nouvelles options pour l’aider à mieux gérer son déficit de l’attention et son impulsivité. De plus, elle avait des douleurs intenses aux jambes et au ventre qui revenaient constamment et qui demeuraient inexpliquées par le médecin et le physiatre que nous avons consultés. Je me disais que je n’avais rien à perdre de faire des changements alimentaires et que je verrais bien ce qui se passerait.

J’ajoute que nous avons aussi la chance d’avoir un pédiatre extraordinaire qui nous a appuyés dans notre démarche et qui n’y voyait aucun inconvénient. Nous avons pu en parler très ouvertement avec lui et savions que nous avions son soutien.

Nous avons donc coupé de notre alimentation tout ce qui contient du gluten, de la caséine et du soya, inspirés par l’expérience de Nathalie. Rapidement, soit dès les premiers jours, nous avons vu de grands changements. D’abord, son TDAH s’est estompé de façon remarquable. Elle était moins irritable, moins colérique et moins dans sa bulle. Elle cherchait moins souvent ses mots. Ses douleurs aux jambes et au ventre sont disparues.

Au début, nous étions nous-mêmes sceptiques face à tous ces changements. Nous pensions que nous voulions tellement que ça fonctionne que nous hallucinions des effets positifs. Pourtant, quand des membres de la famille et de notre entourage ont commencé à remarquer que grande M. était différente, nous n’avons eu d’autre choix que de nous rendre à l’évidence : ça fonctionnait pour vrai!

Pendant six mois, nous avons fait le régime d’éviction de façon très stricte, pour nous donner vraiment la chance de voir si les changements remarqués chez grande M. se maintenaient ou non. Par solidarité pour notre fille et par souci de se simplifier la vie, toute la famille a changé son alimentation. Alexandre a eu la belle surprise de constater que sa blessure à l’épaule, qui était toujours demeurée fragile et douloureuse même une  fois guérie, ne lui faisait plus mal. Sa digestion s’est améliorée et ses brûlements d’estomac ont disparu. J’ai vu moins de changements chez moi, hormis une diminution de mes maux de tête, ce qui est déjà pas mal!

J’ai rencontré deux naturopathes pendant cette période, afin d’être guidée dans ma démarche de changements alimentaires. Toutefois, je n’ai pas été à l’aise avec leur approche. L’une d’entre elles me proposait toute une batterie de tests sanguins et d’analyse de cheveux, en plus de faire des chélations pour désintoxiquer grande M. des métaux lourds, ainsi que de fréquentes rencontres de suivi avec elle. Je ne voyais que la lourdeur du processus et, bien sûr, les coûts associés à ces tests et suivis. De plus, grande M. ayant déjà un suivi médical serré en raison de sa maladie des glandes surrénales, je n’avais pas du tout envie de lui faire subir des interventions supplémentaires. 

J’ai donc laissé tomber l’approche des naturopathes et me suis débrouillée toute seule, notamment en m’inspirant du régime hypotoxique très bien expliqué par Jacqueline Lagacé dans son livre Vaincre la douleur par l’alimentation  et sur son site.
 
Au bout de six mois, nous avons fait un bilan. Voulions-nous continuer? Les bénéfices observés en valaient-ils la peine? Les sacrifices alimentaires étaient-ils trop grands? Avions-nous encore envie de gérer ce régime compliqué?

Grande M. en avait assez de ce régime. Elle ne se rend pas compte de la différence quand elle est TDAH ou non. Pour elle, les changements positifs observés sur son comportement demeuraient abstraits. Elle était par contre très heureuse de plus avoir mal aux jambes et au ventre. 

Pour nous, les avantages étaient grands. Avoir une grande M. plus posée, moins impulsive et de meilleure humeur était très agréable et contribuait à une meilleure harmonie dans la famille. Par contre, le régime était très difficile à gérer, notamment à l’extérieur de la maison. Grande M. ayant des camps scouts et une vie sociale très occupée, c’était toujours un peu un casse-tête de prévoir des repas et des collations pour ses sorties.  

Nous avons alors décidé d’essayer de réintégrer progressivement les aliments exclus et de voir ce qui allait se passer. Réintégrer la caséine n’a pas eu d’impact majeur. Le soya non plus, sauf que les maux de ventre revenaient si elle en consommait plus qu’une certaine quantité. Quant aux aliments contenant du gluten, une petite quantité n’a pas trop d’impact, mais si elle en consomme beaucoup, ouf! Son TDAH réapparaît de façon très intense pendant près d’une semaine. Elle parle sans arrêt, est hyperirritable, hypersensible, et n’arrive à se concentrer sur rien. 

La meilleure option pour nous a donc été de faire un compromis entre une alimentation « normale » et ce régime extrêmement contraignant. À la maison, nous ne consommons pratiquement pas d’aliments contenant du gluten et elle ne boit presque plus de lait de soya. Par contre, quand elle sort, va chez des amis ou en camp scout, nous ne mettons aucune restriction sur ce qu’elle peut manger. Tant pis pour nous, on saura qu’on aura à faire preuve de plus de patience pendant quelques jours par la suite, le temps que les effets se dissipent.

Je ne peux pas expliquer scientifiquement pourquoi l’alimentation, et certains aliments en particulier, a un tel effet sur ma fille. Pourtant, les changements observés sont bien réels et nous ne sommes pas les seuls à les avoir remarqués. Nous continuons à porter attention à ce que nous mangeons et pour l’instant, les résultats sont très positifs!


***

** Je ne donnerai pas ici de conseils sur la façon dont vous devriez appliquer ce régime, ni si vous devriez le faire, ce n’est pas du tout mon but. Certains ne jurent que par l’approche proposée par les naturopathes, d’autres suivent le régime hypotoxique à la lettre, d’autres, comme nous, se basent sur l’observation de leur enfant et font des essais-erreurs. À chacun sa démarche!

Voici néanmoins quelques sites Web intéressants pour ceux qui voudraient en savoir plus : 


**  J’espère que des recherches plus approfondies seront faites sur les liens entre l’alimentation et les troubles de développement, cognitifs et comportementaux. Je sais que de nombreux parents font rire d’eux par des professionnels de la santé qui ne les croient pas quand ils disent avoir vu des changements chez leur enfant et je trouve ça déplorable. Toutefois, quand je suis tombée sur cet article de La Presse, j’ai trouvé très intéressant qu’ils fassent le lien entre l’intestin et certaines maladies neurologiques.

lundi 23 juin 2014

Marcher avec eux



Être maman, c’est accompagner ses enfants sur leur chemin de vie. C’est une longue promenade, qui parfois semble passer à toute vitesse, et parfois semble s’éterniser. Chaque enfant nous emmène sur un chemin différent où le paysage est unique et magnifique. C’est un voyage extraordinaire que je me sens privilégiée de vivre grâce à eux.

Je marche avec mes enfants. Parfois, je marche devant eux. Je défriche des sentiers qu’ils n’ont jamais explorés. J’avance un peu plus vite pour voir ce qui s’en vient et les encourager à avancer : « Viens voir! Au détour de ce chemin, c’est si beau! Ça vaut la peine de continuer à avancer! » 

J’enlève parfois des obstacles qui entravent la route et qui risquent de les empêcher de poursuivre leur chemin. Des fois, je choisis de laisser les obstacles sur place, car je sais que le fait de trouver une façon de les contourner les fera grandir. 

J’avance devant eux pour foncer, défoncer des portes qui peut-être ne se seraient jamais ouvertes autrement pour les laisser passer. 

Parfois, j’avance trop vite et je me rends compte, à la croisée des chemins, que je n’ai aucune idée de la bonne direction à prendre pour bien les guider. Alors, je les attends et lorsqu'ils me rejoignent, nous décidons ensemble vers où aller.

La plupart du temps, je marche à leurs côtés. Je leur tiens la main pour qu’ils sachent que je suis là.
Lorsqu’ils ont des questions, je leur réponds. Parfois, je leur renvoie leur question et ils trouvent eux-mêmes la réponse. Ça m’émerveille à chaque fois!

Je les accompagne sur leur chemin et je les laisse me parler à l’infini de qui ils sont, de ce qu’ils sont, de ce qu’ils veulent, de ce dont ils rêvent. De leurs joies. De leurs peines aussi.

Quand je marche à leurs côtés, je me veux présente à 100 %. Parfois je parle, j’explique, j’enseigne, je renseigne. Souvent je me tais, j’écoute, j’accueille, je respecte. Mais que je parle ou que je sois silencieuse, je tente de leur faire sentir que je suis là, toute là, avec eux, à ce moment, sur ce chemin qui est le leur.

Parfois, je marche derrière eux. Je les observe de loin et je suis fascinée de voir leur façon de se déplacer, propre à chacun. Grande M., qui danse et qui chante, un peu dans la lune, qui bouge de sa façon un peu maladroite, qui voit une inspiration de dessin ou de peinture partout autour d’elle. Grand A. qui court à toute vitesse, qui saute par-dessus les obstacles, agile, rapide, qui parle sans arrêt, se pose mille questions. Petit L. qui fonce, comme un bulldozer, qui écrase ce qui se trouve sur son chemin, mais qui se retourne souvent vers moi pour s’assurer que je suis là. Petite É., délicate, souriante, qui observe tout autour d’elle, s’extasie, s’émerveille, me pointe tout ce qu’elle voit.

De temps en temps, je choisis de marcher derrière eux, de les laisser me devancer. Ils doivent alors choisir le bon chemin sans moi, trouver une solution pour sortir d’une impasse par eux-mêmes, se débrouiller. 

Bien souvent, ils marchent devant moi parce qu’ils m’ont dépassée tellement ils vont vite. Hier, ils étaient petits, avaient besoin que je leur tienne la main, et voilà que tout d’un coup, ils sont grands et indépendants! Ils avancent si rapidement que je cours derrière eux et que j’ai peine à les rattraper.

De plus en plus, mes deux grands marchent devant moi parce que marcher à côté de leur maman, c’est moins « cool » que ça l’était avant. Et moi je souris, car je vois bien les regards furtifs qu’ils me lancent de temps en temps, discrètement. Oui, je suis là les enfants. Je vous suis. De loin, bien sûr, pour ne pas vous faire honte. Mais je suis là, je ne vous quitte pas des yeux. Si vous tombez, j’accourrai, n’ayez crainte.

Je marche avec mes enfants. C’est une belle promenade, même si parfois je suis essoufflée. Même si souvent je doute d’avoir pris le bon chemin et si je crains de les avoir guidés sur le mauvais sentier. Mais c’est définitivement le plus beau voyage de ma vie.